
Il est des dates dont la simple évocation résonne d’une manière particulière. Des dates dont on n’a même pas besoin de préciser l’année. Inscrites dans la mémoire collective, ces dates suscitent l’effroi, souvent, l’espérance, parfois. 11 septembre, 15 novembre : des attentats. 18 Brumaire : un coup d’État. 18 Juin : un appel à la Résistance. 14 juillet : une Révolution. Ou encore 11 novembre : l’armistice, la fin des combats.
Aujourd'hui, nous sommes le 6 octobre et c’est la journée mondiale du sourire, au slogan aussi positif qu’utopique : "Améliorons ce monde au travers d'un sourire". Sourire qui cache souvent bien des détresses comme nous le rappelle aussi ce 6 octobre, consacré Journée nationale des aidants. Belle initiative visant à mettre en lumière l’engagement et malheureusement aussi la solitude et la souffrance des aidants auprès de leurs proches en perte d'autonomie du fait de l'âge, de la maladie ou du handicap.
Mais aujourd’hui 6 octobre marque également pour les Juifs du monde entier le début de Souccot, la fête dites “des cabanes” ou “des tabernacles”. À Souccot, on célèbre la dernière récolte de l'année et on commémore la protection que Dieu a accordée au peuple hébreu durant son périple dans le désert du Sinaï : 40 ans d'errance depuis la sortie d'Égypte jusqu’à l’arrivée en terre promise. Souccot, c’est l’une des fêtes les plus joyeuses de la religion judaïque. Chaque famille est invitée à construire une cabane, une soucca, sorte de tente qui nous rappelle que Dieu est venu lui-même « habiter » au milieu de son peuple et qu’il a fait du Tabernacle sa résidence au milieu des israélites. La soucca, cette habitation précaire, symbolise la providence divine, cette alliance avec la vie, qui a fait traverser au peuple juif non seulement le désert, mais l’Histoire jusqu’à aujourd’hui, 6 octobre 2025. Veille, hélas, d’un autre jour synonyme, lui, de mort : le 7 octobre.
C’était il y a 2 ans, le Hamas, mouvement islamiste et nationaliste palestinien et, rappelons-le, organisation terroriste, lançait une série d’attaques meurtrières contre Israël. Des pogroms qui coûteront la vie à plus de 1200 Israéliens, la plupart civils. Et comme tuer ne suffisait pas, les commandos du Hamas sont allés bien au-delà de la violence habituellement exercée par les groupes terroristes. Viols, massacres d’enfants et de vieillards, mutilation de cadavres à l’arme blanche, des exactions d’une rare barbarie, amplifiée par la prise en otage de 251 israéliens. À l’heure où je vous parle, 48 sont toujours entre les mains du Hamas, dont une vingtaine, on l’espère, sont encore en vie.
La suite, vous la connaissez : passées la sidération et une courte vague d’émotion, on a assisté à une recrudescence alarmante des actes antisémites, comme si le déchaînement de violences anti-juives de l’organisation terroriste palestinienne avait donné le droit à d’autres de passer à l’action. Partout dans le monde : à Paris comme à Washington, dans les rues d’Amsterdam comme devant la synagogue de Manchester la semaine dernière où un attentat a fait deux morts.
Et puis, le 7 octobre, c’est aussi la date qui va déclencher un renversement accusatoire inédit : victime de l'attaque la plus violente de son histoire, Israël qui doit se défendre sur pas moins de 5 fronts différents, se retrouve désormais en position d'accusé. Et la stratégie rationnelle du Hamas visant par sa barbarie à provoquer des représailles massives d’Israël, devenues aujourd’hui sans doute excessives, a porté ses fruits et a réussi à isoler un peu plus l'État hébreu sur la scène internationale. L'agresseur est devenu ainsi l'agressé, le 7 octobre est devenu "jour de la résistance palestinienne" - on a encore vu ce slogan dans des manifestations hier - et comme on n’est plus à un paradoxe et à une provocation près, c’est le jour de Roch Hachana, le Nouvel An juif, qu’Emmanuel Macron a reconnu officiellement l’Etat palestinien… jolie manière de souhaiter la bonne année à tous les Juifs, Shana Thova comme on dit en hébreu !
Aujourd’hui, 6 octobre, cela fait 731 jours qu’Israël est en guerre et, plus que jamais, on réalise la portée de cette parole du prophète Zacharie lorsqu’il évoque ce jour où Jérusalem sera comme "une pierre pesante pour tous les peuples". Alors, poursuit-il, "toutes les nations de la terre s’assembleront contre elle." Avant d’en arriver à ce stade ultime, les hommes tenteront, une fois de plus, de parvenir à la paix : aujourd’hui, en Égypte, Israël et le Hamas ouvrent les pourparlers du plan Trump avec pour objectif de s’entendre sur la libération des otages et les conditions d’un cessez-le-feu durable à Gaza.
Durable, voilà qui semble aussi utopique que le slogan de cette journée mondiale du sourire. C’est certain, les smileys et autres happy faces ne suffiront pas pour améliorer ce monde. Quant au plan de paix proposé par l’aidant Trump, on sait d’ores et déjà qu’il ne parviendra pas, lui non plus, à éteindre la haine.
Non, pour que cessent durablement les combats, quels qu’ils soient, pour que s’instaure la paix véritable, celle des nations comme celle du cœur, c’est au Prince de la Paix qu’il faut s’adresser. Celui que le prophète Esaïe avait décrit en ces termes : "Un enfant nous est né, un fils nous est donné. On l'appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix".
Alors qu’aujourd’hui commence Souccot la fête des tabernacles, rappelons-nous qu’il y a 2000 ans, Jésus, Yeshoua, le messie promis est venu sur terre. La Parole de Dieu a été faite chair, elle est venue habiter parmi nous - littéralement “tabernacler” -. Jésus est venu afin de nous laisser la paix, de nous donner Sa paix. Dans le climat actuel de crainte et d'insécurité, c’est donc un sincère Shalom que je veux donc adresser ce matin à tous nos amis Juifs, en France comme en Israël.
Très bonne semaine à tous !